Après avoir observé les manifestations du quotidien et collecté des images qui traduisaient ces observations, il s'agissait de restituer vos prises de conscience et de proposer un regard, une prise de position personnelle.
Or depuis le début des travaux de cet atelier, vous savez que la restitution s'opérera au sein du livre par le biais des images, des signes et du texte.
Impliqués (plus ou moins consciemment) dans le dialogue entre la forme et le sens,vous vous trouvez donc confrontés à 3 niveaux de préoccupations :
la question du quotidien,
la rhétorique des différents visuels, de leur agencement au sein des pages
et la prise en compte des qualités physiques du livre en tant que médium.
Aucune des strates ne doit être négligée et la cohérence du projet viendra d'une bonne gestion de l'interaction des 3 volets.
Le travail sur, avec et dans le livre ne s'improvise pas et nécessite une expérimentation très approfondie.
Voilà pourquoi, dès les premières réalisations de visuels, nous vous avons demandé de travailler dans l'espace du livre afin de mener de front les différentes expérimentations évoquées plus haut et de sentir les exigences de ce médium pour faire sens.
« Le travail formel sur le livre ne doit pas être une fin en soi, mais servir les besoins de la signification. » nous dit Anne Mœglin-Delcroix dans son texte « Un livre est un livre » (in Sur le livre d'artiste, articles et écrits de circonstance /1981-2005/, éd. Le mot et le reste, 2006, p. 147).
Souvenons-nous de la pensée de Clive Phillpot (ancien conservateur de la Bibliothèque du Muséum of Modern Art de New York) : « Beaucoup de gens rassemblent des pages mais peu conçoivent leur œuvre du point de vue du médium. »
Les principes de série, de séquence, de pli, de mouvement des feuilles, de format, d'ordre imposé dans la tension du récit sont constitutifs de cette expérience unique et fascinante.
Il s’agit donc de dire quelque chose avec le livre, dans le livre et en tant que livre.
Quand le concepteur s’empare de ce médium, il doit se poser la question : « De quoi fais-je l’expérience quand je tourne les pages ? » Dick Higgins, Art Press, n°188, 1994.
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